« Impasses et futur de l'économie de l'information » : différence entre les versions

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Mais cette dissociation entre support matériel et contenu digital laisse entier le second versant du problème, au moins pour les créateurs qui estiment que les événements et supports ne peuvent suffire à couvrir leurs efforts créatifs. 
Mais cette dissociation entre support matériel et contenu digital laisse entier le second versant du problème, au moins pour les créateurs qui estiment que les événements et supports ne peuvent suffire à couvrir leurs efforts créatifs. 


== Les systèmes à paire de clés ==
== Les systèmes à paire de clés ==

Les informaticiens et cryptologues ont construit une élégante solution mathématique pour des problèmes de messagerie. Lorsque cette technique est installée, chaque membre est identifié par une paire de clés; la clé publique et la clé privée. Grâce à certaine fonctions mathématiques, il possible d'authentifier un message, c'est à dire de garantir au récepteur l'identité de l'émetteur, Il est également possible à l'émetteur d'encrypter le message envoyé de telle sorte que seul le destinataire soit en mesure de le décrypter. 

En théorie, ce dispositif pourrait permettre une diffusion one-to-one des créateurs vers les consommateurs. Le consommateur se verrait garanti la qualité du contenu reçu. Le créateur produirait des contenus accessibles à un seul utilisateur. 

Cependant, il existe un point faible à ce dispositif, et ce point faible est précisément celui qui rend aujourd'hui vaine l'utilisation des DRM (Digital Right Management).


== Les donations spontanées ==
== Les donations spontanées ==

Version du 10 février 2009 à 17:56

De "Cent ans de solitude" à "Tintin et les Picaros"...

De "La 9ème symphonie" à "Back in USSR"...

De "Autant en emport le vent" à "Pulp fiction"

De "MS windows" à "Ubuntu Intrepid"...

De "La Joconde" à "Guernica"...

Quel est le point communs de tous ces objets ?

Ils constituent de l'information, et ils sont concernés de près ou de loin par l'économie de l'information.

L'économie de l'information est particulière pour des raisons évidentes discutées ci-dessous.

Trois économies : la matière, l'énergie et l'information

L'économie de la matière est la plus ancienne.

La matière se duplique-t-elle ? Non. Elle se transforme, mais elle ne se crée ni ne se duplique.

La matière est-elle stable et facile à stocker ? Oui, plutôt.

L'économie de l'énergie est également ancienne, mais son développement important date de la révolution industrielle.

L'énergie se duplique-t-elle ? Non. Elle se transforme, mais elle ne se crée ni ne se duplique.

L'énergie est-elle stable et facile à stocker ? Non. Le transport, la transformation, le stockage de l'énergie sont plus ou moins complexes suivant les formes d'énergie. De plus la transformation d'énergie se traduit généralement par une perte, une dissipation.

L'économie de l'information est la plus récente. Plus précisément, l'économie de l'information dégagée de ses supports physiques est très récente.

L'information se duplique-t-elle ? Oui. Sa duplication représente un coût dérisoire, qui n'est lié qu'à l'équipement et à l'énergie requis par la duplication.

L'information est-elle stable et facile à stocker ? Oui, très.

Pendant longtemps, l'économie de l'information était liées aux supports physiques et à la valeur des supports. Dans les cas de la musique, c'étaient les musiciens, les orchestres, les disques vinyle, les CD. Dans le cas des œuvres visuelles, c'étaient les tableaux, les cadres. Dans le cas des œuvres textuelles, c'étaient les livres. Dans le cas des films, c'étaient les bandes.

Tout cela change avec l'émergence des processus digitaux. Les textes, les musiques, les images, les films sont transformés ou réduits à un contenu informatif. Dès lors ces ces objets économiques passent de l'économie de la matière à celle de l'information, et les règles de duplication, stabilité, stockage, changent totalement. Ainsi, dans le domaine musical par exemple n'importe quel citoyen de la planète sera en mesure de stocker des milliers ou de millions de morceaux, de les dupliquer et des les offrir à ses amis sans effort particulier.

Face à ces transformations, les acteurs économiques impliqués mènent un combat d'arrière-garde un peu ridicule. Appuyés par d'excellents avocats, ils s'organisent autour du concept central de propriété intellectuelle, et cherchent à maintenir des revenus autour de la diffusion de contenus informatifs. Cette démarche ne tiendra au mieux qu'une ou deux décades, encore, et il vaut mieux imaginer ce qui pourrait advenir ensuite, ce qui devra advenir ensuite.

Les micro-paiements

Le distributeurs de contenu digital misent encore sur des micros-paiements. Mais le comportement du consommateur étant dirigé vers l'économie et la paresse, le chargement combiné au micro-paiement a peu de chance de rivaliser avec le chargement gratuit et immédiat.

La publicité

Une idée assez répandue et apparemment prometteuse est celle de la rémunération par l'interception forcée de publicité adressée au consommateur. Certes cela peut fonctionner, mais les exemples de comportement récents des consommateurs internautes montrent que ceux-ci ne sont ni dupes ni résignés. Chaque fois qu'une variante 'afdree' est disponible, celle-ci obtient un succès lié à la pertinence de cet argument, Le consommateur n'apprécie pas trop d'être pris en otage contre son gré. Au mieux il accepterait ce mécanisme s'il ressent une appétence pour les contenus publicitaires eux-mêmes. Bref, disposant du choix, le consommateur s'écartera des solutions à contenu publicitaire.

Les événements et les supports

Pour beaucoup de production artistique, il existe à coté du contenu digital disponible en chargement une notion d'événement, ainsi qu'une notion de contenu.

Une oeuvre musicale peut avoir une valeur magnifiée par un cadre particulier. La présence physique des artistes, le lieu, le caractère historique de l'événement vient alors ramener le modèle économique au cadre de l'économie matérielle. Il est juste et normal que ce cadre festif donne lieu à la rémunération que le consommateur est prêt à lui consacrer.

De même la disponibilité d'oeuvres digitales combnées à des supports remarquables organise le même transfert vers l'économie matérielle, avec les conséquences décrites plus haut.

Mais cette dissociation entre support matériel et contenu digital laisse entier le second versant du problème, au moins pour les créateurs qui estiment que les événements et supports ne peuvent suffire à couvrir leurs efforts créatifs. 

Les systèmes à paire de clés

Les informaticiens et cryptologues ont construit une élégante solution mathématique pour des problèmes de messagerie. Lorsque cette technique est installée, chaque membre est identifié par une paire de clés; la clé publique et la clé privée. Grâce à certaine fonctions mathématiques, il possible d'authentifier un message, c'est à dire de garantir au récepteur l'identité de l'émetteur, Il est également possible à l'émetteur d'encrypter le message envoyé de telle sorte que seul le destinataire soit en mesure de le décrypter. 

En théorie, ce dispositif pourrait permettre une diffusion one-to-one des créateurs vers les consommateurs. Le consommateur se verrait garanti la qualité du contenu reçu. Le créateur produirait des contenus accessibles à un seul utilisateur. 

Cependant, il existe un point faible à ce dispositif, et ce point faible est précisément celui qui rend aujourd'hui vaine l'utilisation des DRM (Digital Right Management).

Les donations spontanées

Dans le domaine du logiciel, mais aussi dans le domaine musical ou littéraire, une démarche qui rencontre un intérêt de principe est celle de la donation. L'auteur du logiciel, du texte ou de la musique met sa production à disposition du public gratuitement, mais il suggère à celui-ci que cette production est un effort qui mérite rémunération, et que cette rémunération peut se réaliser par des donations de montants quelconques. Cette logique est à la  base d'initiatives assez remarquables telles que l'encyclopédie en ligne Wikipedia, ou l'operating system Linux (dont Ubuntu est une variante populaire). Ce sont des exemples de productions traduisant de l'innovation non lucrative.   Ceux qui y consacrent leur énergie appliquent une philosophie qui mérite d'être analysée. Leur préocuppation prémière est de produire, d'être utile à la communauté, et cette préoccupation là l'emporte sur l'efficacité du bizness model censé transformer compétences en revenus. 

La mesure de l'enthousiasme

Il y a un autre point commun entre les différents objets ou œuvres cités au début de cet article. Ce point commun est l'activité artistique qui a servi à leur production, ou, de manière plus générale et englobant les logiciels, l'activité créatrice qui a servi à leur production. Il s'ensuit que ces  objets tirent leur sens de l'enthousiasme qu'ils suscitent. Leur valeur économique est liée à cet enthousiasme. Et le but des créateurs qui les produisent est souvent d'être reconnu, voire admiré, et mieux encore de susciter l'enthousiasme.

Le modèle proposé ici se base sur cet enthousiasme et sur sa mesure. Il s'articule autour de diverses composantes décrites ci-dessous.

Une composante est la notion de 'subvention pour production créative' (SPC).

Une composante est l'état qui joue le rôle de plate-forme de distribution des SPC.

Une composante est une base de données globales (BDG).

Une composante est le créateur producteur de contenu créatif - généralement quelconques, mais entrant dans une représentation informatique digitale.

Une composante est le consommateur de contenu créatif.

Le créateur produit ses oeuvres, les enregistre dans la BDG, et s'il le souhaite en fait la promotion par les moyens qu'il juge utile. Le créateur est soit un individus, soit une association d'individus.

Le consommateur explore librement le contenu de la BDG, et charge gratuitement tous les contenus qui lui plaisent. Le consommateur n'a qu'un contrainte: il doit mesurer et exprimer son enthousiasme pour le contenu et/ou pour le créateur, sous forme de chiffres sur une échelle d'enthousiasme. Le consommateur met à jour comme il le souhaite ses mesures d'enthousiasme.

Pour chaque consommateur, un algorithme passe en revue l'ensemble des enthousiasmes émis, il les pondère en tenant compte de leur ancienneté, et produit une répartition d'enthousiasmes. C'est un ensemble de chiffres dont la somme est égale à 1, et dont chacun représente l'enthousiasme pour une créateur de contenu. La BDG affiche ces chiffres par consommateur et par producteur.  Une autre partie de l'algorithme additionne les enthousiasmes de tous les consommateurs et poursuit le calcul à intervalles réguliers, par exemple toute les semaines, pour déterminer la part que chaque créateur perçoit. Il s'agit d'une part de l'enveloppe globale des subventions pour production créatives. Cette enveloppe global est déterminé par les compétences ad hoc des structures de l'état, sachant qu'elle couvre toutes les formes de production de contenu digital, des musiques aux films en passent par les logiciels, les images, les textes...

Dans ce système, il y a un minimum d'intermédiaires entre le créateur et le consommateur. Le mécansime d'allocation est particulièrement transparent. Et enfin les revenus des créateurs dont directement liés à l'enthousiasme qu'ils parviennent à susciter.

Dérives possibles ?

Il serait naïf de concevoir un modèle sans entrevoir les dérives possibles des acteurs qui y joueraient un rôle intéressé.

Dans le cas du modèle de mesure de l'enthousiasme, on peut notamment imaginer que plusieurs citoyens opportunistes préféreraient créer des oeuvres factices et s'auto-enthousiasmer plutôt que des 'céder' à d'autres leur enthousiasme et les revenus qui peuvent en découler. Pourrait-on interdire cela ? Eventuellement, mais cela n'aurait aucun efficacité concrète, car les opportunistes porrait s'organiser en chaînes, groupes, communautés pour obtenirles mêmes effets. L'autre question est: devrait-on interdire cela ? Ce comportement aurait pour en jeu la contribution d'un individu dans le mécanisme de rétribution globale, et cet individu exprime sa défiance pour les créations proposées, son refus de s'enthousiasmer pour d'autres, ou son désir de ne s'enthousiasmer que pour sa propre personne. N'est-ce pas son droit ? La réponse est probablement oui, mais il faut ajouter que la base de données globales afficherait sans ambiguité ce comportement d'auto-enthousiasme, cet égoïsme culturel. Si cet individu est par ailleurs fort consommateur de contenus digitaux - ce qui figure également dans la BDG - alors c'est la transparence et la pression sociale qui sont les gardiens de dérives aux enjeux minimes.



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